Nos fruits ne vont pas tarder à entamer leur révolution en production. Il suffit de se tenir informés des dernières innovations technologiques proposées par des start-up du monde agricole, toutes plus imaginatives les unes que les autres.
La France, dont il faut souligner l’action par l’intermédiaire de son Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement (INRAE), n’est d’ailleurs pas en reste dans cette course à l’équipement. Notre Institut ainsi que Robagri, l’association représentant la filière robotique agricole française, croit fermement en un partage de données collectées pour aider ces jeunes pousses à grandir, et se développer en consortiums.
Ce marché mondial estimé à 8 Mds de $, qui croît au rythme de 22,8% par an, attise toutes les convoitises, GAFAM en tête. Google, pour ne nommer que lui, avec son projet Mineral, veut notamment faire carburer à l’IA les données récoltées par ses capteurs. En effet, au vu des prévisions démographiques actuelles, l’agriculture mondiale devra produire plus de nourriture dans les 50 prochaines années qu’au cours des 10.000 années précédentes ! C’est dire la taille de l’enjeu !
Et les exemples sont légion : tout d’abord en matière de surveillance, comme cet éleveur contrôlant ses 850 brebis réparties sur 180 ha de pâtures, à l’aide d’un casque de réalité virtuelle relié à un drone survolant ses terres à 6km à la ronde.
Les applications sont nombreuses et surtout, la programmation tellement personnalisable que les limites de l’exercice ne sont imposées que par l’imagination.
Ou encore en matière de remplacement de main d’œuvre pour des tâches répétitives ou/et pénibles, car il faut savoir que 93% des maladies professionnelles reconnues des agriculteurs, concernent les troubles musculosquelettiques (TMS). Ce deuxième éleveur délégant à cet autre robot la tâche non seulement de la traite de ses vaches de telle manière qu’elles décident elles-mêmes quand elles veulent se faire traire, mais aussi la désinfection du pis, ou encore l’analyse du lait individualisée !
Autre tâche pénible de plus en plus confiée à des robots, le désherbage. Que le robot soit équipé d’une bineuse, ou bien bardé de senseurs ou autres caméras mues par l’IA, les mauvaises herbes font désormais l’objet d’un ciblage plus que précis puisque les prévisions actuelles font état d’une diminution de 95% des herbicides.
Contrairement à la seconde moitié du XXe siècle ou le « tout chimique » prévalait à tout autre dogme, l’agriculture d’aujourd’hui préserve les cultures et cible ses nuisibles de façon chirurgicale.
En résumé, l’arrivée de la robotique dans les champs, lorsqu’elle est bien utilisée, rime avec moins de pénibilité, un usage raisonné des produits de traîtement, et une amélioration du bien-être animal. Son extension aux vergers de nos producteurs fruitiers ne fait aucun doute, et les applications seront nombreuses, et certainement porteuses de bonnes nouvelles dans un futur proche.
Ce marché est plus qu’attrayant, et de là à penser que c’est ce qui pousse des milliardaires comme Bill Gates ou Xavier Niel à devenir le plus gros propriétaire terrien des Etats Unis pour l’un, ou à lancer la « première formation mondiale » en IA du secteur dans un des plus grands campus agricoles au monde pour le 2nd, il n’y a qu’un pas, facile à franchir connaissant leurs parcours !
(Sources : Le Point 2546 du 03 Juin 2021- Julien Faure : « L’Intelligence Artificielle s’invite à la ferme » / Les Echos 22 Juin 2021 – Sabine Delalande : « La terre, nouvel horizon des milliardaires »)